Cover crops inter-seeded between rows of field corn in regenerat

L’agriculture régénératrice, nouveau Graal de l’agroalimentaire !

Comme son nom l’indique, l’agriculture régénératrice vise à régénérer les sols. Et les grands acteurs de l’agro-alimentaire sont de plus en plus nombreux à s’y engager, en passant des principes à la pratique. Un engagement essentiel pour lutter contre le dérèglement climatique et assurer la souveraineté alimentaire.

Que recouvre ce terme de plus en plus à la mode ?

Pour bien comprendre les principes de l’agriculture régénérative, il faut en saisir le fondement : il s’agit de revenir à un état préalable du sol. Pas seulement de préserver mais bien de restaurer des sols appauvris. Cela passe par exemple par la limitation du travail du sol (labour), l’utilisation d’engrais naturels (compost, fumier, lisier), le développement de l’agroforesterie (plantation d’arbres et de haies), ou des couverts végétaux, afin de nourrir le sol en continu et d’ainsi en limiter l’érosion.

Un enjeu d’avenir pour les géants de l’agro-alimentaire

C’est le dilemme fondamental pour le secteur agro-alimentaire : comment bien nourrir la planète tout en protégeant l’environnement, avec des terres abîmées par le travail intensif des sols et l’utilisation d’engrais chimiques et de pesticides ?

Par ailleurs avec 60% d’émissions carbone issues directement de l’agriculture, il devient impératif de faire évoluer l’impact environnemental de l’approvisionnement agro-alimentaire. D’autant plus au moment où les investisseurs demandent des garanties sérieuses sur les bilans carbone auxquels sont tenus de plus en plus d’acteurs du secteur, soit en réduisant leurs émissions, soit en les compensant. L’agriculture régénératrice constitue une partie de la solution. C’est pourquoi en septembre 2019, une coalition de 19 grandes entreprises, One Planet Business for Biodiversity (OP2B), a été créée pour déployer à grande échelle des pratiques d’agriculture régénératrice.

Mais cette transition vers une nouvelle forme d’agriculture demande du temps et suppose un accompagnement des agriculteurs, tant sur le plan de la formation que des ressources financières pour l’installation. Ainsi Danone a investi plus de 40 millions d’euros depuis 2016 dans la transition agricole en France et se fixe pour objectif que 100% de ses agriculteurs partenaires français soient engagés dans la transition vers l’agriculture régénératrice d’ici 2025, selon un communiqué du Groupe publié fin février 2023. Chez Nestlé, ”La France est un pays pilote de l’agriculture régénératrice et nous continuerons de planter et semer dans les champs français nos actions pour régénérer nos sols et préserver la biodiversité.”, explique Charles Leonardi, Directeur Général Supply Chain de Nestlé en France.

Ces grands principes n’ont pas encore de cadre réglementaire à date, contrairement, par exemple à l’agriculture biologique, ni d’indicateurs de mesure communs. Aussi, dans une parution des Cahiers de l’Agriculture de juillet 2022 consacrée à une approche scientifique du sujet, les auteurs suggéraient que “la mobilisation des acquis de l’agroécologie, en tant que science, pratique et mouvement, pourrait aider à préciser son contenu, encore flou, de façon à ce que ses promesses se traduisent en de réels progrès et ne soient pas exclusivement centrés sur le carbone.”. Une évolution pleine de promesses pour tout un secteur… et pour la planète.