Répondre aux enjeux du changement climatique et créer des espèces nécessitant moins d’intrants : tels sont les enjeux de la création variétale, portée en France par L’Institut national de la recherche agronomique, en partenariat avec les entreprises privées.
Entretien avec Rémy Cailliatte, adjoint au Chef du département Innovation Variétale et Diversification et directeur de l’institut Carnot Plant2Pro.
Quels sont les objectifs de la recherche variétale ?
« Les travaux de recherche que nous menons en biologie et génétique des plantes visent à comprendre le fonctionnement des plantes afin de répondre à deux enjeux majeurs : l’adaptation au changement climatique et les transitions agroécologiques et alimentaires. L’objectif est en effet d’obtenir une production nécessitant le moins d’intrants de synthèse et capables de s’adapter aux conditions de demain (plus fortes chaleurs, stress hydrique….). »
Quelle est la position de la France dans ce domaine ?
« Dans le domaine de la création et de la recherche variétale, la France est sans conteste un pays leader. La recherche publique française se positionne incontestablement parmi les leaders dans les approches en génomique et développe des travaux originaux et reconnus sur la lutte génétique (résistances des variétés) contre les bioagresseurs des cultures.
L’investissement en recherche variétale en France est assuré pour un tiers par des fonds publics et deux tiers provient de fonds privés. Loin de l’image des chercheurs déconnectés de la réalité, l’Inrae travaille en partenariat avec les filières et des industriels, notamment des semenciers. »
Quelle est la position de l’Inrae ?
« Nous sommes avant tout un organisme de recherche dédié à l’acquisition de connaissances nouvelles, mais si nous constatons que les entreprises privées n’explorent par certaines pistes en raison du coût de la recherche et de l’incertitude des résultats, alors nous pouvons aller jusqu’à l’innovation variétale, c’est à dire concrètement créer de nouvelles variétés. L’Inrae créé ainsi une vingtaine de variété par an qui sont développées par sa filiale Agri Obtentions.»
Pouvez-vous nous donner un exemple de création variétale ?
« Depuis le milieu des années 1970 l’Inrae travaille sur la vigne afin de créer des variétés résistantes au mildiou et à l’oïdium, deux maladies responsables de 80 % de l’usage des produits phytosanitaires sur le vignoble français. Après avoir identifié des gènes qui confèrent une résistance à ces maladies portés par des vignes sauvages américaines ou asiatiques, nos chercheurs ont réussi par croisements suivis de sélection, à incorporer à la vigne cultivée européenne des facteurs de résistance à ces deux maladies.
Les premières vignes résistantes ont été inscrites en 2018 et on observe une baisse de 90 à 95 % de l’utilisation des produits phytosanitaire en comparaison aux références nationales. Ce que nous avons fait avec la vigne est une véritable révolution, aucun pays n’est aussi avancé sur ce type d’approche. Des travaux similaires sont menés sur une large gamme d’autres espèces tels que le blé tendre, des légumineuses à graines ou encore les arbres fruitiers. »
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