Difficile d’imaginer une culture plus traditionnelle que celle de la truffe ! Et pourtant, la start-up WeTruf vient y ajouter une bonne dose d’innovations. Cette jeune entreprise installée près de Nancy, valorise les recherches menées depuis plus de 20 ans à l’INRAE. Elle commercialise le pF Tracer OneTM un petit appareil permettant d’évaluer la quantité d’eau disponible pour le champignon dans le sol. Une donnée essentielle pour s’assurer du bon développement de ce met très recherché.
Mais il ne s’agit pas de mesurer le pourcentage d’humidité car celui-ci ne reflète pas réellement ce que la truffe peut utiliser pour sa croissance. En effet, l’eau disponible dépend de la structure et de la texture du sol qui déterminent ce que les scientifiques appellent un pF ou potentiel matriciel. Pour faire simple, il s’agit de la force qu’une plante ou un champignon doit appliquer pour extraire l’eau. Cette valeur, mesurée par le pF Tracer OneTM, varie entre 2 et 2,5 pour une capacité maximale de rétention en eau du sol jusqu’à 4,2 correspondant au point de flétrissement à partir duquel plantes et champignons ne parviennent plus à exploiter l’eau présente dans la terre. En d’autres termes, quand le pF se situe entre environ 2,5 et 4,2 l’eau est exploitable.
Les travaux de l’INRAE ont montré que ce seuil d’irrigation d’un champ de truffes noires (Tuber melanosporum), était d’environ pF = 4.
Ces valeurs permettent de définir à partir de quel moment il est nécessaire d’irriguer pour éviter que la truffe se dessèche.
Le nouvel appareil de WeTruf permet donc de suivre facilement les variations du pF afin de définir quel est le bon moment pour arroser. L’intérêt est à la fois économique et écologique : en pratiquant une irrigation précise et rationnelle, le trufficulteur préserve la ressource en eau tout en optimisant le développement du précieux champignon.
La start-up propose aussi une méthode de diagnostic moléculaire basée sur une technologie dont le nom est aujourd’hui bien connu du grand public, la PCR (Polymerase chain reaction). En effet, cette technique est largement utilisée pour le dépistage du virus responsable de la Covid-19. Elle permet d’identifier le pathogène à partir de son matériel génétique. Le principe est le même pour la truffe dont il est possible de distinguer les trois espèces – truffe noire, truffe brumale, truffe de Chine – à partir de leur ADN. L’entreprise réalise ce diagnostic rapidement, soit au laboratoire soit sur site grâce à un dispositif portable. Cette technologie est donc essentielle pour contrôler, par exemple sur un marché, que la qualité de la truffe vendue correspond bien au prix demandé. Un moyen indispensable pour lutter contre la fraude, car selon l’espèce le prix au kilo peut varier de quelques dizaines à plusieurs centaines voire milliers d’euros.