Le kiwi est cultivé en France depuis 1965 et commercialisé depuis le début des années 70. Aujourd’hui, 45 000 tonnes sont produites chaque année dans le Sud-Ouest de la France par 1 500 producteurs. Entretien avec Adeline Gachein, directrice du Bureau national Interprofessionnel du Kiwi.
Quelle est la production française de kiwi ?
Avec un peu plus de 45 000 tonnes de kiwis produits chaque année en France, nous sommes le sixième producteur mondial et le troisième en Europe. Récoltés aux mois d’octobre et novembre, les fruits peuvent être conservés jusqu’en mai. En saison de commercialisation française, nos concurrents sont essentiellement des kiwis européens, d’Italie et de Grèce. Ensuite pour la consommation de contre saison, les fruits sont importés du Chili et de Nouvelle-Zélande.
Quelle est la part de bio dans la production française ?
Aujourd’hui, 14 % de la récolte française est labellisée bio. Cependant, il faut savoir qu’en raison de l’avantage majeur de la rusticité du kiwi, le choix de l’itinéraire technique conventionnel ou biologique est essentiellement dépendant du choix de fertilisation du kiwiculteur. Nous menons beaucoup de recherches au sein du Bureau national Interprofessionnel du Kiwi, afin que les producteurs aient les moyens de lutter contre les ravageurs. Nous menons par exemple une étude sur la maturation de la punaise diabolique, une espèce invasive venue d’Asie, pour connaître ces cycles et aider les producteurs à intervenir au moment opportun. Comme nous avons peu de produits phytosanitaires homologués en kiwi, nous menons des essais de prophylaxie (mesures visant à prévenir les maladies, NDLR) notamment pour la punaise diabolique avec des plantes répulsives pour voir si on peut réussir à éloigner cet insecte.
En 2017, le BIK a alerté́ les autorités françaises sur de probables pratiques de francisation frauduleuse de kiwis….
Oui car nous avions constaté́ sur le marché́ du kiwi plusieurs anomalies économiques. La francisation de kiwis est le fait de vendre des kiwis produits en-dehors de la France comme ayant une origine française, au mépris de la réglementation applicable en matière de traçabilité́ des produits alimentaires. Dans le cas des kiwis, il s’agit de fruits italiens et grecs, qui ont un prix d’achat moins élevé́ que les kiwis français, en raison notamment d’une main d’œuvre moins chère, ce qui permet aux fraudeurs de devenir très compétitifs sur le marché́ en revendant des kiwis sous une origine française trompeuse, en moyenne 14 à 17% moins cher. Ces fraudeurs profitent ainsi de la renommée des kiwis d’origine française, sans acheter de véritables kiwis français, au détriment de la filière agricole française des kiwis et du consommateur.
Selon une enquête de la Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes, il y avait en circulation près de 15 tonnes de fruits estampillés français alors qu’ils ne l’étaient pas ce qui représente près d’un tiers de la production nationale !